Imaginons un réseau ferroviaire où le matériel roulant , les voies, les signaux, ne seraient vérifiés que lorsqu’une panne a été constatée, où la position des wagons et des motrices ne seraient connue qu’en faisant l’inventaire annule des garages, où les trains devraient attendent l’arrivée problématique d’une motrice pour partir ! On pourrait ainsi bien imaginer des camions, des autobus, des taxis, ou toute forme de réseau de transport dispersé sur une large zone géographique. Point n’est besoin de réfléchir longtemps pour comprendre que la qualité de service, l’optimisation des coûts et la sécurité requièrent une bonne administration en temps réel des ressources du réseau.
Les réseaux de télécommunication ne sont qu’un autre exemple d’une telle nécessité. De longue date, la conception des réseaux téléphoniques a inclus des mécanismes de surveillance et de commande à distance. Les seules dimensions des réseaux rendaient ces précautions indispensables pour être en mesure d’intervenir rapidement en cas d’incident . Toutefois, les mesures de qualité de service n’ont été introduites qu’assez tardivement.
Les réseaux de transmission de données, principalement développés au cours des années soixante dix, ont été souvent conçus sans y incorporer des mécanismes de gestion. Les traditions techniques du milieu informatique s’étaient formées sur des systèmes de petites taille, équipés de quelque dizaine de terminaux localisés à courte distance. Dans ces conditions, la dispersion géographique n’était pas encore perçue comme un changement d’échelle.
La prolifération des réseaux informatiques à dimension nationale ou internationale a pris de court leur conception technique, souvent restée rudimentaire au plan des mécanismes d’administration. De plus, peu à peu s’est accréditée la notion d’hétérogénéité, c’est-à-dire l’association dans un seul réseau de matériels et de logiciels provenant d’une multiplicité de fournisseurs. Il fallait faire face à un double défi, d’une part inventer des techniques d’administration adaptées à la complexité des réseaux modernes, d’autre part normaliser les mécanismes utilisés par les différents concepteurs. Cet effort considérable est actuellement mené au travers d’organismes nombreux coopérant au plan international.
Le présent ouvrage est une synthèse des théories et des techniques de la gestion de réseaux. Pédagogique, il s’efforce d’expliquer et d’illustrer la réalité industrielle et les avancées conceptuelles dans ce domaine. Il est le premier à couvrir aussi largement le sujet. Il convient de ce fait de remercier les auteurs d’avoir réussi à concentrer une telle diversité d’information sous une forme facilement assimilable. Ce livre devrait s’imposer comme un ouvrage de référence.
Louis Pouzin, Doyen de l’Institut THESEUS, Sophia Antipolis. 1992.
http://fr.wikipedia.org/wiki/Louis_Pouzin
http://internethalloffame.org/inductees/louis-pouzin
http://www.inria.fr/actualite/actualites-inria/louis-pouzin-et-internet
Au sujet du livre
« La complétude et la pédagogie de cet ouvrage le rendent indispensable sur le bureau de l’ingénieur, du chercheur, du décideur et de l’étudiant. » Gérard André, Directeur du CNET (Centre National d’Etudes des Télécommunications – Paris)